Séoul et ses palais, quand le moderne côtoie l’ancien

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À l’entrée de Gyeongbokgung

Après notre excursion dans le parc Gyeryongsan et alors que nous avions passé seulement trois nuits dans notre nouvel appartement, nous partons (conférence oblige) pour la capitale : Séoul ! On y accède en seulement une heure de KTX (voir le premier article) depuis Daejeon et il y a des trains très régulièrement. Séoul est de très loin la plus grande ville de Corée : c’est une mégapole de 25 millions d’habitants si on compte l’aire urbaine, 10 millions intra-muros. Comme à Paris, le métro est bondé aux heures de pointe et l’agitation est permanente. Il est aussi beaucoup plus facile de communiquer en anglais avec les commerçants et les serveurs ! Revers de la médaille, ceux-ci nous considèrent vraiment comme des touristes. Nous y restons cinq jours et il y a beaucoup à voir. Béranger doit assister à sa conférence donc il a moins l’occasion de visiter. J’en ai bien profité en revanche ! Le récit de nos visites se fera en plusieurs billets pour plus de clarté. Aujourd’hui, nous vous présentons les palais que nous avons vus.

Amiral Yi Sun-shin sur la place qui mène à Gyeongbokgung
L’amiral Yi Sun-shin sur la place qui mène à Gyeongbokgung

Il y a cinq grands palais royaux à Séoul. Ils sont assez proches les uns des autres et situés non loin de l’actuel « City Hall ». Le premier que je visite (sans Béranger malheureusement) est le palais Gyeongbokgung, le plus beau selon moi. Son nom signifie « palais du bonheur resplendissant ». Construit en 1395, au début de la dynastie Joseon, il fut le palais principal de Séoul pendant près de cinq cents ans. Comme l’essentiel des anciens monuments, il a été détruit à plusieurs reprises lors des invasions japonaises. Sa restauration a été achevée au début des années 2000. Chanceuse, j’arrive au moment de la relève de la garde. C’est un véritable spectacle : pendant une quinzaine de minutes, les gardes en tenue traditionnelle très colorée défilent au son des tambours et trompettes. Une fois la foule dispersée, je pénètre dans l’enceinte du palais. Le lieu est immense et  composé de nombreux pavillons, chacun ayant une fonction bien définie : appartements du roi et de la reine, salles de réunion, de banquet, etc. Il est parfois possible de jeter un œil à l’intérieur, mais toujours strictement défendu d’y entrer. L’architecture et les motifs ornementaux des pavillons, qui nous sont maintenant familiers, sont ici plus élaborés et toujours très harmonieux. Mais nous sommes très loin du faste de Versailles, le bois domine et les dorures sont rares ! Par exemple, la salle du trône (ci-dessous) est assez simple, mais ne manque pas de me toucher. Il faut d’ailleurs jouer des coudes pour pouvoir en prendre une photo.

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Le tour du palais se fait en presque trois heures, je n’en finis jamais d’être surprise par la grandeur et la beauté du lieu. Sans la horde de touristes, il serait facile d’oublier que l’on est au cœur d’une mégapole ultra-moderne, seuls les gratte-ciels que l’on aperçoit derrière les remparts nous le rappelle. Le clou du spectacle est très certainement le jardin à l’arrière des pavillons principaux du palais. C’est un havre de paix, intimiste et resplendissant à cette période de l’année. Il se compose d’un petit étang au milieu duquel se dresse un charmant pavillon, relié à nous par un pont étroit très sophistiqué, mais fermé d’accès. Le lieu est magnifique et les couleurs rouges et ocres des arbres se reflètent dans l’eau. Évidemment, beaucoup de photographes (professionnels comme amateurs) sont au rendez-vous. J’y reste moi aussi un moment. L’endroit garde pourtant en mémoire un tragique événement : l’assassinat par les Japonais de la reine Myeongseong en 1895. Je marche ensuite un peu dans l’enceinte du palais et termine mon tour par un magnifique pavillon de plusieurs étages lui aussi dressé au milieu d’un lac artificiel : c’était là que le roi recevait les émissaires étrangers.

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Les trois autres palais que nous avons visités sont tous plus ou moins construits sur le même modèle : une grande enceinte qui abrite plusieurs cours et pavillons et au centre de laquelle se trouve toujours une salle du trône. Il y a aussi souvent un jardin à l’écart des pavillons principaux. Mais à chaque fois, le charme opère moins qu’à Gyeongbokgung ! Malgré tout, chaque palais à sa spécificité. Deoksugung ou « palais de la longévité vertueuse » nous surprend un peu par son mélange d’architecture traditionnelle coréenne et néoclassique occidentale. Ce palais (le plus petit des quatre palais, semble-t-il) fut le témoin de la fin de la dynastie Joseon avec l’annexion de la Corée par le Japon en 1910. Changdeokgung (« palais de la prospérité ») est le palais le mieux préservé : il est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997. Son jardin est surnommé « le jardin secret » et on n’y pénètre qu’en présence d’un guide. La visite dure presque une heure trente, c’est dire à quel point le jardin est grand ! Le roi et la reine pouvaient s’y reposer à l’écart de l’agitation du palais. Depuis Changdeokgung, on peut accéder à Changgyeonggung, « palais de la joie florissante ». On y retrouve un étang entouré d’arbres aux couleurs flamboyantes qui cachent une belle serre botanique construite au début du XXe siècle. Quelques photos de ces palais dans la galerie ci-dessous :

Dans les hauteurs du parc Gyeryongsan

Nous sommes au cœur de l’automne, qui est une saison très agréable en Corée. Les températures restent douces en journée et les arbres se parent d’une variété de couleurs :IMG_3794 du vert au rouge vif en passant par le jaune et l’orange. Nous avons la chance d’avoir, juste à côté de Daejeon, l’un des vingt-et-un parcs nationaux de la Corée du Sud : le parc du Gyeryongsan. La visite du parc à cette période nous a été recommandée par plusieurs Coréens, et le week-end de notre installation nous avions justement un dimanche de libre. Nous y sommes allés et avons pu constater qu’ils avaient tout à fait raison !

Le parc Gyeryongsan est situé à l’ouest de Daejeon, et on peut facilement y accéder en bus depuis la ville (45 minutes… ou plus, selon la circulation). C’est l’un des plus petits parcs nationaux de Corée : il s’étend sur seulement 65 km2, on peut donc le traverser en une journée ! Ce n’est pas de la haute montagne non plus : le point culminant est à 845 mètres. C’est sûr ça nous change de Grenoble, mais étant donné que le plus haut sommet de la Corée du Sud ne dépasse pas les 2000 mètres on se contente de ce que l’on a !IMG_3882 Pour l’anecdote, Gyeryongsan est composé du mot « gye », qui signifie « coq », et du mot « yong », qui signifie « dragon ». Ce nom vient des crêtes du parc, censées ressembler à un dragon avec une crête de coq ! Il nous faut aussi noter que le Gyeryongsan est l’une des montagnes les plus sacrées de Corée. Plusieurs anciens temples bouddhistes s’y trouvent, et il a même été envisagé d’y construire la capitale avant que Séoul paraisse être un meilleur choix.

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Châtaignes grillées achetées en chemin

Dimanche matin, pas trop tôt, nous partons donc randonner dans le parc. Mais la facilité d’accès, depuis une ville d’un million et demi d’habitants, est aussi un problème : beaucoup de gens ont eu la même idée ! Le bus est plein à craquer et le chauffeur doit même refuser de faire monter des gens. Nous descendons du bus peu avant l’entrée du parc et finissons la route à pied, notre bus étant bloqué dans les bouchons. Nous avons l’impression d’être tout d’abord le long d’une départementale, puis dans un village touristique, avec de nombreuses boutiques et restaurants, avant de trouver enfin les sentiers de randonnée. Comme aux États-Unis, l’entrée du parc est payante (2000 ₩, soit 1,50 €).

Sur les chemins du Gyeryongsan, nous sommes tout de suite émerveillés par le dégradé de couleurs qu’offrent les arbres, et ce dès l’entrée du parc. Notre parcours commence par le temple Donghaksa, un très beau temple bouddhiste. Les débuts sont faciles, puis la pente se raidit. Nous avons choisi une randonnée de cinq heures qui passe par différents sommets au cœur du parc, et nous ne sommes pas seuls : le chemin (au moins les premières portions) ressemble plutôt à une autoroute à randonneurs, pratiquement tous coréens et très bien équipés. En effet, toutes les personnes que nous croisons portent des vêtements de randonnée de marque (Millet rencontre un grand succès, cocorico !), et on se dit que pour ce petit parc national, ils sont peut-être même un peu suréquipés…! Fait marquant, les Coréens — et pas nécessairement les jeunes — n’en oublient pas leur smartphone, et nombre d’entre eux diffusent de la musique pendant qu’ils marchent.

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Notre balade est néanmoins très agréable et, après quelques efforts et un passage assez difficile, nous arrivons à un des lieux les plus emblématiques du parc : Nammaetap. Il s’agit de deux « pagodes » côte à côte. Selon la légende, un homme qui avait décidé de devenir moine et de vivre reclus dans une grotte sauva un tigre en lui enlevant l’os qu’il avait coincé dans la gorge. Pour le remercier, le tigre lui offrit une très belle femme.IMG_3835 L’homme, fidèle à son engagement religieux, refusa de prendre cette femme pour épouse mais ils jurèrent de devenir frère et sœur et de pratiquer le bouddhisme ensemble. Ils atteignirent le Nirvana le même jour et à la même heure. Leurs reliques sont censées reposer dans les pagodes. Un autre temple bouddhiste est d’ailleurs présent sur le site et la vue sur la vallée y est très belle :

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Ce n’en est pas pour autant la fin de la balade, et il nous reste encore à gravir deux sommets !IMG_3902 Après avoir monté des escaliers et crapahuté un peu, on finit par arriver à Sambulbong (775 m) puis au plus haut sommet du parcours : Gwaneumbong (816 m). On regrette seulement que le brouillard se soit un peu installé, ce qui ne nous permet pas d’apprécier pleinement la vue sur la plaine. On aura en revanche eu tout le loisir d’admirer le travail des secouristes en hélicoptère puis à pied venus aider des gens blessés.

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S’amorce ensuite la descente ! Un peu fatigués, nous arrivons à notre point de départ à la tombée de la nuit et surprenons les moines en train de sonner le gong. Après ce court moment spirituel, nous rentrons à la ville, à nouveau dans un bus bondé !

302 Angel House

Deux semaines que nous étions en Corée, deux semaines que nous dormions à l’hôtel. Mais ça y est, nous avons enfin trouvé un chez-nous ! Les choses sont finalement allées plus vite que ce que l’on pensait, et tout s’est décidé en une demi-journée de visites. Tout cela aurait pu être beaucoup plus compliqué : sans compter les tracas administratifs (carte de résident, etc.), il faut se faire comprendre de l’agent immobilier. Heureusement, le labo de Béranger a une fois de plus aidé et nous a mis en contact avec une agence immobilière qui a cherché des appartements selon nos critères. Lors des visites, nous étions aussi accompagnés d’un membre du labo de Béranger qui servait d’interprète.

Après avoir hésité entre deux appartements sur les cinq visités dans le nord de Daejeon, notre choix s’est porté sur le 302 Angel House, non en raison du nom de l’immeuble mais parce qu’il s’agissait d’un appartement en bon état et vraiment fonctionnel : meublé, cuisine équipée, machine à laver, internet ! Surtout, on s’y sentait bien. Béranger est seulement à cinq minutes à pied de son labo et nous sommes à vingt minutes en bus du centre-ville. Le quartier est calme mais comporte néanmoins de nombreux restaurants et boutiques.

Après avoir signé des documents intégralement écrits en coréen, attendu quelques jours et fait les transferts d’argent nécessaires (frais d’agence, caution, premier loyer), nous recevons un email de l’agence avec les informations pour entrer dans l’appartement ! Pas de remise des clés, les portes se ferment avec des codes et la boite à lettres ne se ferme pas du tout. Pas d’état des lieux non plus, ça ne se fait pas en Corée. Il y a néanmoins un technicien en charge de l’immeuble, avec qui nous avons rendez-vous quelques heures après notre arrivée pour changer le code de l’appartement. C’était vraiment nécessaire : comme pour certaines cartes SIM neuves, notre code était 0000 !

Cette même personne nous explique également comment jeter les ordures. Cela a pris beaucoup plus de temps que prévu : en plus des problèmes de compréhension mutuelle (dans un mélange de coréen et d’anglais), le système est complexe. En Corée, un gros effort est fait sur le tri des ordures, et en particulier les restes de nourriture doivent obligatoirement être mis à part pour faire du compost. Chacun a donc une petite poubelle en plastique spéciale (de 3 ou 5 litres, semble-t-il) dédiée aux déchets organiques. Il faut la sortir dans la rue pour qu’elle soit vidée après avoir apposé un autocollant particulier adapté au volume de la poubelle, autocollant vendu au comptoir de toutes les supérettes des environs. En effet, plus on jette de nourriture plus on paye ! Les ordures restantes (ni organiques ni recyclables) doivent elles être mises dans un sac en plastique qui est aussi à demander au comptoir des supérettes. En fait, on ne trouve quasiment pas de sacs poubelle en libre service au supermarché, et utiliser d’autres sacs que ceux recommandés serait prendre le risque que ses ordures ne soient pas ramassées !

Mais assez parlé poubelles, voici la visite guidée en photos de notre nouvelle demeure :

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La pièce principale tout équipée
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La rue est très calme, la fenêtre donne sur la terrasse d’un joli café
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Nous sommes au deuxième étage dans un immeuble qui en compte quatre
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L’entrée : on enlève nos chaussures !
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La cuisine (la machine à laver est très souvent dans la cuisine en Corée — nous n’avons vu aucun lavomatique)

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La salle de bain « taille standard ». Pas de bac à douche, on se lave au milieu de la salle de bain.

C’est petit (20 m2) mais cosy, et il manque encore la touche personnelle. N’ayant passé que trois nuits dans l’appartement, la déco attendra un peu ! Notez néanmoins les chaussons en plastique dans la salle de bain, indispensables car ils évitent de se mouiller les pieds ou les chaussettes en rentrant dans la pièce après une douche. Tout Coréen qui se respecte en possède ! Par ailleurs, il n’y a aucun appareil de chauffage dans les pièces : comme partout en Corée, nous sommes équipés de chauffage au sol appelé ondol. Le nôtre est électrique, mais traditionnellement les hanok était chauffées à partir d’un four disposé sous la maison.

À savoir : les cautions demandées pour la location d’un appartement en Corée sont bien plus élevées qu’en France. Il y a en fait deux systèmes de location : jeonse et wolse. Dans le premier, il n’y a aucun loyer ! Le hic, c’est que le propriétaire demande alors une énorme caution : environ 60% du prix de vente de l’appartement. Il peut ainsi faire fructifier l’argent et s’acheter d’autres biens immobiliers. Au terme du bail, généralement de deux ans, l’argent est restitué. Le marché se portant moins bien en ce moment, ce système très particulier est apparemment un peu moins en vogue. Dans le système wolse, il y a bien un loyer et la caution est nettement moins importante. Vous vous imaginez bien que nous avons opté pour ce système ! Notre caution s’élevait à 5 000 000 ₩ (un peu moins de 4000 €), une « petite somme » selon les Coréens — pour des appartements guère plus grands, nous avons vu des cautions deux fois plus importantes ! Le loyer est, quant à lui, tout à fait raisonnable : nous payons 450 000 ₩ (environ 330 €) par mois tout compris (eau, internet, etc.) sauf l’électricité, peu chère nous a-t-on dit.

Alors, qui seront les premiers visiteurs du 302 Angel House ?