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Un Noël à Kyoto

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La gare de Kyoto

Les Coréens ne célèbrent pas vraiment Noël, ou du moins cette fête a bien moins d’importance qu’en France : pas de grande réunion familiale ni de festin. Noël se passe entre amis ou entre amants ou ne se fête pas du tout. Leur grande fête familiale est en fait le Nouvel an lunaire ou 설날 en coréen (prononcé « solal » — article à venir), qui correspond au Nouvel an chinois. N’ayant donc rien prévu de spécial à Noël et ne souhaitant pas rentrer en Europe, nous décidons de prévoir un petit voyage au Japon pour sortir du quotidien. Le Japon est à environ deux heures de vol de la Corée et nul besoin de visa. Nous quittons ainsi pour la première fois notre pays d’adoption, direction Kyoto ! La ville est assez grande et assez riche en culture et en histoire pour s’y arrêter une semaine.

En effet, Kyoto fut, de 794 à 1868, l’ancienne capitale impériale du Japon, juste avant Tokyo. Elle est aujourd’hui la capitale de la préfecture de Kyoto avec environ 1,5 million d’habitants. Elle demeure néanmoins le centre culturel du Japon avec ses milliers de temples et de sanctuaires, dont beaucoup sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il va sans dire, nous avons beaucoup marché pendant notre séjour pour arpenter la ville et visiter la plupart de ses richesses culturelles. Nous avons vu l’essentiel de Kyoto mais n’avons bien entendu pas tout exploré tant la ville regorge de trésors. C’est simple, il vous suffit de marcher dans la rue et vous tomberez nécessairement sur un temple ou un sanctuaire ! On sent d’ailleurs que c’est une ville très touristique, et nous retrouvons nombre de nos compatriotes français, bien moins présents en Corée (tout du moins à Daejeon !).
On se rend aussi très vite compte de l’étendue de la ville quand on observe son important réseau de transports en commun : bus, métro et l’équivalent de nos RER parisiens. IMG_0350Il est donc très facile de se déplacer à Kyoto et de se rendre dans les plus grandes attractions touristiques. Tout est d’ailleurs très bien indiqué et nous ne nous sommes trompés qu’une seule fois en prenant un train express qui ne s’arrêtait pas à notre arrêt. Fait notable dans ces RER : il existe un ou deux wagons exclusivement réservés aux femmes pour éviter les désagréments auxquels celles-ci pourraient être exposées lors des vagues d’affluence dans les rames. Kyoto est également très prisée des cyclistes, il vous faut y être vigilant afin de ne pas heurter un vélo ! Pas besoin de s’inquiéter pour les vols : le Japon est, tout comme la Corée, un pays très sûr et les habitants prennent peu le soin d’attacher leur vélo quand ils vont faire une course dans un magasin. Nous n’avons néanmoins pas utilisé ce moyen de transport (je suis sûre que mon père ne m’en tiendra pas rigueur étant donné son attachement à ma sécurité !).

Arrivant de Corée, la différence culturelle était moins importante pour nous mais il était très intéressant de comparer ces deux pays d’Asie. Le Japon et la Corée se ressemblent sous plusieurs aspects : ils partagent notamment une histoire commune, leurs sociétés sont imprégnées par le confucianisme, et le bouddhisme y est assez présent. Cependant, le ressenti en tant que visiteur n’est pas le même. En général, les Japonais sont plus réservés que les Coréens et peut-être un peu plus distants. Ce sont des gens extrêmement polis. En fait, la différence la plus notable sur le comportement des Japonais fut dans le bus. En Corée, il ne faut absolument pas oublier de se cramponner lorsque vous êtes dans le bus ou vous risquez de tomber ! Les chauffeurs conduisent en effet à toute allure et freinent au dernier moment lorsqu’ils arrivent à un arrêt. Vous devez donc être prêts à sauter du bus lorsque vous souhaiter descendre (on exagère à peine) ! Rien de tout cela au Japon. La première différence est que vous montez par l’arrière et ne payez votre trajet qu’au moment de sortir du bus, par l’avant donc. Ensuite, les chauffeurs sont très calmes, ils vous souhaitent la bienvenue lorsque vous montez et vous annoncent eux-mêmes qu’ils vont bientôt s’arrêter. Ils sont d’ailleurs vêtus d’uniformes et portent des gants blancs et une casquette. Aucune précipitation quand vous devez sortir du bus. Les Japonais attendent bien sagement que le bus soit arrêté et la porte ouverte avant de se décider à sortir ! Du moins, ce fut notre expérience à Kyoto ! Précisons aussi que les Japonais conduisent à gauche.

IMG_5217Concernant le style vestimentaire, nous avons remarqué moins de personnes en tenue de sport ou de randonnée comme ça peut souvent être le cas en Corée. Il n’est pas rare de croiser des Coréennes bien habillées mais avec des baskets aux pieds, ce qui n’est pas le cas au Japon. En revanche, nous avons vu beaucoup de femmes en kimonos. Il est vrai que lors des visites des temples, vous pouvez très facilement louer un kimono afin d’immortaliser vos photos en portant cet habit traditionnel. Mais même dans la rue, il n’était pas rare de croiser des Japonaises vêtues de cet atour, ou même lorsque nous avons passé une soirée au théâtre.

Autre spécialité du Japon, mais aussi de Kyoto, le kabuki. Cette forme de théâtre traditionnel mélange chant, danse et jeu d’acteurs et se distingue surtout par le maquillage très élaboré des comédiens ainsi que par la variété des décors. Cela tombait bien, tous les ans, du 1er au 26 décembre, se déroule le festival Kao-mise à Kyoto. À cette occasion, les meilleurs acteurs de kabuki sont réunis sur la scène du célèbre théâtre Minami-za. Impossible donc que nous manquions cet événement ! Peu après notre arrivée à Kyoto, nous assistons de 16 h à 22 h à une représentation de kabuki. On nous avait dit qu’il n’y avait pas besoin de comprendre les paroles et que les Japonais eux-mêmes avaient du mal à les saisir. Mais dans notre cas ce n’était pas tout à fait vrai ! Il y avait de longues parties dialoguées, incompréhensibles pour nous, même si on devinait qu’il s’agissait d’histoires d’amour, de vengeance et de rivalité. Mais la représentation durant presque six heures, nous avons aussi pu apprécier de très beaux moments où l’action était plus importante que les paroles et le jeu des comédiens impressionnant ! Seule déception, nous n’avons vu aucun personnage affublé d’une de ces énormes perruques rouges souvent associées avec le kabuki. Mais les décors, le maquillage, les masques ainsi que les costumes sublimes étaient bien au rendez-vous ! Le spectacle était divisé en trois parties, avec trois entractes de 10 à 20 minutes. La plupart des Japonais avaient été prévoyants, ils avaient acheté un petit plateau-repas à emporter et le mangeaient pendant l’entracte (ce que nous n’avons pas fait, pensant pouvoir trouver à manger au théâtre !). Fait intéressant : pendant le spectacle, certaines personnes du public criaient quelques mots en japonais lors des moments forts. Nous avons appris par la suite qu’il s’agissait des « kakegoe », une tradition du kabuki.

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Le théâtre Minami-za est situé dans le quartier de Gion, l’un des plus animés de Kyoto. Accolé au quartier de Pontoccho, il n’est pas rare d’y croiser des geishas (nous en avons d’ailleurs croisé une) ! Ce sont également des quartiers où l’on peut facilement se restaurer.

La cuisine japonaise est assez variée et, pendant notre séjour, nous avons pu goûter certains de ses mets les plus connus. Voici donc une petite liste de notre expérience culinaire à Kyoto accompagnée de photos :
– udon et soba : les pâtes traditionnelles japonaises, servies dans la plupart des restaurants (et que nous retrouvons aussi en Corée). Elles se consomment froides ou chaudes. Les udon sont épaisses, préparées à base de farine de blé, et sont de couleur blanche tandis que les sobas sont plus fines et fabriquées à base de farine de sarrasin et ont donc une couleur plus brune.

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En haut à droite, des sobas

– tempura : beignets frits à basse calorie, très populaires au Japon (mais aussi en Corée, appelés 튀김) Ils peuvent être fourrés à la crevette, au poisson, au poulpe, à la viande, au poivron, aux oignons…

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– tofu : pas besoin de présenter cet aliment à base de soja je pense. Néanmoins, il existe une préparation de tofu assez particulière que nous avons goûté à Kyoto : le yudofu. Il s’agit tout simplement de morceaux de tofu qui mijotent dans de l’eau (à laquelle est ajouté un bouillon de poisson — mais tout dépend de la préparation). Pour le déguster, les restaurants situés près du temple Nanzenji sont les plus célèbres. C’est là que nous nous sommes rendus et avons pu goûter à différentes sortes de tofu dont du tofu grillé ! Une expérience intéressante et succulente !

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Au fond, le yudofu en train de mijoter

– sushis :IMG_0520 impossible de quitter le Japon sans avoir goûté à ce mets si populaire ! Et pourtant, il n’a pas été aussi facile de trouver un restaurant de sushis qu’on le pensait ! C’est finalement un peu par hasard que nous faisons l’expérience de ce drôle de restaurant où les sushis circulent en boucle sur un tapis roulant. Soit vous vous servez sur le tapis, soit vous commandez vous-même via l’écran tactile au-dessus de vous. Lorsque votre commande est prête, celle-ci arrive sur le tapis roulant dans un « bateau » (signe qu’il s’agit d’une commande et non d’un plat « libre ») et une musique ainsi qu’une image vous avertit que votre commande est là ! À la fin, la serveuse vient tout simplement compter les assiettes pour vous donner le total à payer. Les assiettes ont toutes un code couleur correspondant à un prix. L’addition était moins salée qu’en France : nous en avons eu pour une petite vingtaine d’euros à deux pour dix assiettes de sushis, deux parts de gâteau et deux bières ! Pour la boisson, vous avez aussi du thé vert à volonté : il vous suffit de mélanger la poudre verte avec l’eau chaude qui sort du robinet installé à votre table !

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Les Japonais sont plus friands de sucreries que les Coréens, ce qui était plutôt appréciable pour nous. Nous avons également goûté le fameux saké (alcool de riz), dont il existe plusieurs types, et qui peut se boire chaud ou froid. Nous l’avons trouvé plus goûteux que son équivalent coréen, le soju.

À Noël, nous avons fait honneur à notre gastronomie et avons mangé dans un délicieux « bouchon » kyotoïte ! Le chef japonais avait vécu à Lyon et avait bien su exporter les saveurs de notre capitale gastronomique.

Désolée pour cette longue introduction ! A suivre, le patrimoine culturel de Kyoto !

N Seoul Tower, la tour de l’amour

Après s’être mariés à Jeonju en costumes traditionnels, nous nous devions également d’honorer notre époque moderne et de sceller notre amour éternel à la tour de Séoul !IMG_4137 La N Seoul Tower, comme notre chère tour Eiffel (très appréciée des Coréens par ailleurs), est l’une des attractions de la capitale à ne pas manquer. Sa spécificité est d’être le lieu de rendez-vous des amoureux (et du kitch ?!) Les couples viennent accrocher un cadenas aux grilles au pied de la tour pour symboliser leur amour, ce qui est non seulement toléré mais aussi encouragé. Ne vous inquiétez pas, si vous avez oublié votre cadenas, tous les vendeurs aux alentours se feront un plaisir de vous en vendre un, et en forme de cœur s’il vous plaît ! IMG_4139Fait remarquable : si vous trouvez que le cadenas c’est dépassé, vous pouvez toujours accrocher la coque de protection de votre smartphone sans oublier d’y mettre des mots d’amour et même une photo de vous et votre amoureux dessus. Ici, tout est dédié à l’amour, et même les bancs vous rapprocheront de votre bien aimé : ils sont construits en pente vers le centre du banc, on a testé ! Vous pouvez aussi faire un vœu et souhaiter que votre amour dure toujours en jetant une pièce dans le « puits » au deuxième étage de la tour. Bon, et si vous n’avez pas encore trouvé l’âme sœur ou que ce genre d’attraction ne vous émeut pas plus que ça, vous pouvez toujours aller à la N Seoul Tower pour observer la vue !

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C’est, comme vous l’aurez sûrement compris, ce pourquoi nous y sommes allés avant tout.IMG_4118 Le N provient de la colline sur laquelle est située la tour, le mont Namsan (243 m), mais signifie aussi « nouveau » car, bien qu’ouverte au public en 1980, elle a fait peau neuve en 2005. Pour gravir le mont et arriver au pied de la tour, deux solutions : la marche ou le téléphérique (payant). Nous avons opté pour la deuxième option. Il y a beaucoup de monde donc il faut être patient et attendre son tour mais les allers-retours en téléphérique sont bien organisés. La tour elle-même mesure 236,7 m et offre une vue panoramique sur Séoul. Il est plutôt recommandé de faire la visite de nuit, pour profiter du spectacle des lumières de la ville, mais nous y sommes allés en journée. À vrai dire, la vue était quelque peu brumeuse mais nous avons tout de même pu nous rendre compte de l’étendue de la métropole. Il nous était impossible de discerner les limites de l’urbanisation, c’est pour dire !

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Observer la vue du haut de la tour est payant, bien sûr, mais on ne manque pas de vous divertir jusqu’à votre arrivée au sommet. Avant de prendre l’ascenseur, vous pouvez vous faire prendre en photo sur un fond vert pomme puis ensuite choisir quel sera le décor en arrière plan (la tour de jour/de nuit/avec des feux d’artifice…). Vous pouvez emporter la photo-souvenir avec vous moyennant finance. Le trajet dans l’ascenseur, bien que très rapide, est également un petit spectacle à lui seul. L’hôtesse vous invite à regarder le plafond de l’ascenseur sur lequel sont projetés des images de l’espace, puis vous indique que vous êtes arrivés et que le trajet a duré seulement trente secondes ! Une fois en haut, outre la vue impressionnante sur la ville, vous trouverez un grand magasin de bonbons en plus des magasins de souvenirs. De nombreux pays du monde et leur distance avec la N Seoul Tower sont aussi indiqués sur les vitres, ce qui nous rappelle à quel point nous sommes loin de la France ! Pourtant, il y a un restaurant français (forcément romantique) au dernier étage de la tour. Imaginez-vous bien que c’est un lieu où les demandes en mariage doivent être assez fréquentes ! C’est ce qu’on a pu comprendre via notre drama coréen préféré où bien sûr les amants viennent à la N Seoul Tower pour accrocher leur cadenas et fêter l’anniversaire de leur 100 jours ensemble au restaurant ! D’ailleurs, pour information, en coréen « je t’aime » se dit 사랑해 (soit, approximativement, « salang hé »).

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Nous ne restons pas manger à la N Tower, nous préférons nous arrêter dans un restaurant proche de notre hôtel. Nous choisissons l’un des nombreux restaurants avec une cheminée aspirante au-dessus de chaque table. Il s’agit des célèbres barbecues coréens, très appréciés de la population locale (le premier auquel nous nous arrêtons est d’ailleurs complet). Ce que nous ne savions pas, c’est qu’ils n’y servent que de la viande et que nous sommes obligés de commander au moins deux portions de viande alors que Béranger n’aime pas la viande ! Je me demandais comment j’allais manger toute cette viande toute seule, mais j’ai tout de même fait honneur au plat, très bon, et fait le plein de protéine pour la semaine. Béranger a quant à lui pu trouver quelque chose à manger en commandant du riz et des légumes en plus. Nous finissons le repas par un dessert. Pour cela, il nous faut changer de restaurant, et nous nous rendons dans un « Korean Desert Café », une chaine de cafés spécialisée dans les desserts. La photo d’un dessert appelé « Bingsu » ainsi que sa description (aussi écrite en anglais) nous inspire, et nous choisissons ce dessert à base de céréales, noix, café et glace au café. Il en existe différentes variétés dont plusieurs mélangent fruit et fromage. La photo était contractuelle et notre beau dessert paraît très appétissant (voir photo). Hélas, après deux cuillères, nous nous apercevons que le dessert est principalement constitué de simple glace pilée ! C’est donc un peu plus fade que prévu… mais ne gâche pas pour autant notre journée de visites à travers Séoul.

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La photo a été prise un peu tard… La viande avait fini de cuire !
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Bingsu accompagné d’un green tea latte et d’un caramel macchiato

Jeonju : hanok, hanbok et bibimbap !

Nouvelle excursion du dimanche organisée par la conférence (maintenant terminée) : direction Jeonju ! Cette fois, nous partons un peu plus loin (1h30 de route) au sud de Daejeon. Ne comptant que 650 000 habitants, Jeonju est une petite ville pour la Corée du Sud mais elle n’en est pas moins très touristique. C’est ce qui nous frappe tout de suite en arrivant : une foule de gens (tous avec leur appareil photo ou smartphone à la main, ça va de soi !), des boutiques alignées les unes aux autres (magasins de souvenirs, nourriture) et des queues interminables devant des magasins qui doivent avoir très bonne réputation auprès des Coréens ! Bref, on retrouve l’ambiance et l’agitation des grands lieux touristiques.

IMG_3755Jeonju attire beaucoup de monde car elle est très réputée pour ses spécialités culinaires (Jeonju fait partie des cinq villes au monde reconnues pour leur gastronomie locale par l’UNESCO) et son patrimoine historique et culturel (on peut à nouveau visiter un village hanok et y séjourner — c’est d’ailleurs un village hanok célèbre en Corée du Sud, notamment depuis 2002, date de la coupe du monde hébergée par la Corée et le Japon). La ville est également connue pour sa production de papier, le hanji. Malgré son attraction et sa renommée, Jeonju — ou du moins son village hanok — fait partie des villes qui respectent la charte « cittaslow », venue d’Italie et dérivée du mouvement « slow food ». Jeonju est donc une « slow city », une ville où l’on prend le temps. Mais avec l’agitation d’un dimanche, cet aspect ne nous a pas beaucoup marqué.

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Un sanctuaire bien gardé ! Au fond, le haut du grand portail rouge.

Notre visite commence par le sanctuaire Gyeonggijeon. Une guide anglophone nous explique le riche patrimoine de Jeonju et nous conduit à travers ce sanctuaire qui fut bâti au XVe siècle peu après le règne du roi Taejo (1335—1408), le fondateur de la dynastie des Joseon (1392—1897). On en apprend ainsi plus sur la symbolique de chaque objet et décoration. Nous passons plusieurs portails avant de pénétrer au cœur du sanctuaire. L’un de ces portails est rouge, une couleur qui est un avertissement : quiconque pénètre le sanctuaire doit être pur. Apparemment, tous les touristes du coin sont purs ! Puis nous passons un autre portail, plus imposant cette fois, portant les mêmes décorations que la plupart des pagodes. Il y a trois entrées : une à gauche, une au centre et une à droite. Celle du centre est fermée. Notre guide nous explique que l’on entre à droite, ce qui correspond à l’est, là où le soleil se lève et on sort par la gauche, à l’ouest, là où le soleil se couche.IMG_3659 L’entrée du milieu est strictement réservée au roi (disparu depuis six siècles, rappelons-le), et un panneau ne manque pas de nous le rappeler (il n’empêche que certaines personnes oublient et empruntent la voie royale pour faire des photos !). Après ce portail, se trouve le cœur du sanctuaire, une pagode renfermant l’unique portrait original du roi Taejo. Avant d’y entrer, la guide nous fait remarquer trois grandes vasques noires au sol : elles contenaient de l’eau servant à éteindre les incendies, mais aussi à repousser les démons. Selon la légende, ceux-ci seraient si laids qu’ils fuiraient en apercevant leur reflet dans l’eau. Sur la façade de la pagode abritant le portrait du roi, il y a des tortues d’eau servant aussi à se préserver des incendies et des démons.

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L’unique portrait du roi Taejo

Après avoir monté quelques marches, nous pouvons enfin apercevoir l’objet de toutes les curiosités, soigneusement protégé, le portrait du roi Taejo. Il le représente dans ses habits royaux : bleu et or, sur lesquels est brodé un dragon à cinq griffes qui symbolise son autorité. Le tour ne s’arrête pas là et, après quelques explications botaniques, nous visitons une autre pagode abritant les archives de l’histoire de Jeonju et où étaient entreposées les annales de la dynastie Joseon. Notre tour se termine par le musée du sanctuaire (Royal Portait Museum) où l’on peut voir une reproduction du portrait du roi et autres tableaux royaux, ainsi que d’autres témoignages de l’histoire de Jeonju, notamment une reconstitution de la parade organisée lors de la consécration du roi Taejo.

Nous ne nous attardons pas au musée car il est l’heure d’aller manger (et nous sommes déjà en retard sur le programme) ! Au restaurant, nous dégustons la grande spécialité de Jeonju : le bibimbap local, très réputé en Corée. Il s’agit d’un plat à base de riz sur lequel sont disposés trente autres ingrédients de couleurs variées (des légumes, de la salade, des œufs, des céréales…). On y ajoute une sauce (très épicée dans notre cas !) pour relever le goût. Pour se désaltérer, nous goûtons également la boisson locale : le moju — un alcool de riz doux et opaque, bouilli avec des herbes médicinales.

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avant… (noter le moju à droite)
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…et après (on ne mange pas le bibimbap avec les baguettes mais avec la cuillère !)

L’après-midi est dédiée à la découverte et l’apprentissage des coutumes traditionnelles coréennes.IMG_3683 Notre petit groupe (majoritairement masculin) était attendu dans une maison traditionnelle, un hanok, qui héberge en fait un « culture training institute ». Comme toujours, nous enlevons nos chaussures avant d’entrer. À l’intérieur, nous attend notre professeur et gardienne de la tradition. La première étape consiste à enfiler le costume traditionnel ou hanbok. Notre groupe est invité à s’asseoir sur des petits carrés de paille (sur lequel on ne doit pas marcher, on l’apprend un peu tard). Les costumes masculins sont pliés et posés en face de chacun. Il faut d’abord commencer par le pantalon, très large et bouffant, avant d’enfiler le haut à la manière d’un kimono. Ce n’est pas si simple ! De façon inattendue, les robes féminines sont plus faciles à mettre. Il faut d’abord passer la robe en elle-même (sans manche), que l’on noue sous les seins, puis une veste qui vient recouvrir le haut de la robe et qu’il faut aussi nouer d’une certaine façon (on nous aide). Et nous voilà devenus de vrais Coréens ! Mais notre apprentissage ne s’arrête pas là. Par-dessus ces vêtements d’intérieur, on peut porter d’autres vestes et accessoires (chapeau par exemple) pour sortir ou pour de grandes occasions.

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L’une de ces grandes occasions, c’est évidemment le mariage ! IMG_3730Étant le seul couple de l’assemblée, nous sommes tout désignés pour jouer les premiers rôles. La mariée a plus d’atours que le marié : en plus de la veste colorée qui recouvre son vêtement d’intérieur, elle porte un chignon dans lequel est piqué une longue tige dorée sur laquelle on fait passer une écharpe rouge décorée de fleurs, et a un petit chapeau sur la tête. Elle tient également une longue écharpe blanche, ornée à nouveau de fleurs, par dessus ses avant-bras joints sous sa poitrine (ce qui n’était pas des plus pratiques pour se mouvoir !). Le marié porte une longue veste bleu électrique, un haut chapeau noir, et des bottes en plastique au bout pointu (qu’il faudrait, en fait, n’utiliser qu’à l’extérieur). Nous voilà prêts à nous marier ! Après une petite séance photo, nous apprenons à saluer. Il existe une dizaine de possibilités, plus ou moins formelles (sachant que mêmes les salutations « informelles » sont un véritable exercice physique : il faut s’agenouiller et s’incliner jusqu’au sol).IMG_3741 Il faut faire attention à baisser la bonne jambe, à joindre les mains correctement (ce qui est inversé entre homme et femme), et compter trois bonnes secondes avant de se relever (en appuyant sur la bonne jambe) ! En tant que « jeune mariés », nous avons un traitement particulier et apprenons le salut des époux. Le marié s’incline une fois de plus que la mariée (quatre fois au lieu de trois, je crois), mais celle-ci reste plus longtemps au sol. La mariée, elle, n’a pas le droit de regarder son mari, et doit rester les yeux baissés.

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Les mariés et leurs invités

Nous finissons cette après-midi particulière par le rituel du thé. Attention, là non plus il ne faut pas aller trop vite ! Le plateau est rempli de différents bols ayant chacun son usage. Le premier service ne sert qu’à réchauffer la théière et les bols : on verse uniquement l’eau chaude (initialement à 70°C) et celle-ci doit « chanter », faire un joli son. Puis il y a un deuxième service, avec le thé cette fois : il ne faut pas remplir les bols d’un coup mais verser plusieurs fois de petites quantités dans chaque bol afin que les saveurs du thé se mélangent et soient les mêmes pour tous. Petite note : on sert toujours avec la main droite et la main gauche est posée à plat sur l’intérieur de l’avant-bras droit (c’est en fait un geste très courant en Corée, il s’agit d’une marque de politesse quand quelqu’un vous tend quelque chose par exemple). On peut désormais déguster le thé. Cependant, la première gorgée doit se savourer. Il faut tenir le dessous de sa tasse avec la main gauche bien à plat, et la saisir de la main droite. On sent d’abord la chaleur de la tasse dans ses doigts, puis on hume le parfum du thé, et enfin on le déguste (sans boire d’une traite !). On comprend mieux le « cittaslow » désormais !

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Complexe !
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Notre professeur servant le thé

IMG_3752Après avoir remercié notre professeur, il nous reste une heure pour nous balader dans les rues du village hanok de Jeonju. Ça nous laisse peu de temps pour faire des emplettes, on se dit qu’on reviendra ! Nous nous arrêtons néanmoins sur le parvis de la cathédrale (catholique) de Jeonju. Elle vaut le détour car contrairement aux églises ultramodernes que l’on a vues jusque-là (avec croix bordées de néons allumés la nuit), celle-ci est en briques et a été construite au début du XXe siècle. C’est en fait à cet emplacement que les premiers martyrs coréens catholique furent exécutés à la fin du XVIIIe siècle. Nous n’entrons pas dans la cathédrale, il y a vraiment du monde (dont beaucoup en train de faire des selfies) et pas assez de temps !