Jindo est une île au sud-ouest de la Corée, à environ quatre heures en voiture de Daejeon. Cette fois-ci, point de voyage d’affaires mais bien du tourisme ! Nous partons pour le week-end assister au « Sea-parting Festival » ou « Miracle Sea Road Festival » de l’île de Jindo. Par simplicité, nous optons pour le voyage organisé par une agence de voyage anglophone, et voyageons donc en compagnie d’autres expatriés (principalement des Américains, qui sont très nombreux en Corée et à 90% des enseignants d’anglais !). Tous les ans, au moment de grandes marées, l’île de Jindo héberge un festival centré sur un phénomène plutôt miraculeux : pendant environ une heure, la mer se divise en deux pour laisser apparaître une bande de sable qui vous permet de rejoindre une autre petite île à pied (l’île de Modo-ri). C’est désormais l’un des festivals les plus importants de Corée, et des centaines de millier de personnes (Coréens et étrangers) participent à l’événement. La légende veut que des tigres se soient installés à Jindo et aient fait fuir les habitants sur l’île de Modo-ri. Mais Grand-mère Bbong aurait été oubliée. Très malheureuse, celle-ci pria le Dieu de la Mer de pouvoir retrouver les siens. Le Dieu finit par diviser les flots en deux, laissant apparaître une route aux couleurs de l’arc-en-ciel qui lui permit de rejoindre sa famille. Cependant, épuisée par le voyage, celle-ci mourut au moment des retrouvailles, heureuse néanmoins d’avoir pu revoir ses proches. Le festival célèbre ainsi cette légende et de nombreuses statues représentent Grand-mère Bbong sur l’île.
Nous sommes partis en car de Daejeon peu après minuit, dans la nuit de vendredi à samedi, et somme arrivés à Jindo pour la première marée à 5 heures du matin. Tout est bien organisé : la marche s’effectue de nuit mais nous avons des torches à disposition, des puissants spots nous éclairent au rythme d’une musique électronique, et nous assistons même à un feu d’artifice ! Bien sûr, des bottes en plastique sont vivement recommandées pour la traversée. Il s’agit de bottes qui montent jusqu’aux cuisses, aux couleurs assez flashy (vertes, oranges, jaunes) et, on doit bien l’admettre, un peu chères. Nous sommes un peu en retard pour cette première marche mais nous sommes vite mis dans l’ambiance ! Nous suivons les autres torches en marchant sur la bande de sable humide. Il faut néanmoins faire attention car à certains endroits le niveau de l’eau est plus élevé et l’on peut facilement se mouiller (Béranger en a fait les frais !). Pas le temps néanmoins d’atteindre l’autre île car on nous indique qu’il faut faire demi-tour, la mer commençant à remonter. Nous rejoignons alors la terre ferme et observons le jour se lever, alors que de nombreuses personnes continuent à rechercher des coquillages et des mollusques sur les rives encore découvertes. Deux heures plus tard, la mer est complètement remontée et l’île en face est redevenue inaccessible à pied.
Le festival ouvre officiellement quelques heures plus tard, à 10 heures, avec des stands disposés tout au long de la jetée. La journée du samedi est dédiée à des événements culturels : chant, danse et musique traditionnels, atelier de calligraphie, poterie, fabrication de poupée en tissu… On assiste aussi à un combat de lutte coréenne (씨름 : « chi-lum ») fort intéressant ! Les lutteurs s’affrontent dans un cercle couvert de sable. Ils se tiennent par une ceinture nouée autour de leur taille et de leur cuisse. Le but est de faire tomber l’adversaire : dès qu’il touche le sol avec une autre partie du corps que son pied, c’est gagné ! Les combats sont donc assez courts. Des lutteurs professionnels faisaient des démonstrations mais des touristes étrangers ont aussi pu y participer. Autre événement d’importance : un spectacle de chiens ! Jindo est en effet aussi célèbre pour son espèce de chien : 진도개 (« Jindo-gè », littéralement : chien (de) Jindo), un chien de taille moyenne au poil ras, aux oreilles pointues et à la queue arquée, et, nous dit-on, très intelligent. Des dresseurs venaient ainsi montrer les prouesses de ces chiens sur scène : saut à la corde, peinture, saut dans des cerceaux… Il était aussi possible de voir et même de caresser des chiots. Enfin, en début d’après-midi, le défilé des habitants de l’île vient animer cette journée. Tous sont déguisés et défilent en différents groupes parfois chantant, parfois jouant de la musique et dansant, le tout bien sûr dans une très bonne humeur, les spectateurs participant aussi un peu à cette parade festive !
Puis, à 17 heures, une nouvelle marée était annoncée et tout le monde se retrouve sur les rives pour se préparer à une nouvelle marche. Cette fois, on se rend vraiment compte du monde qu’il y a tant la foule est dense. Nous avons patienté presque une demi-heure avant que le départ soit possible, la mer ne s’étant pas assez retirée. Une fois le signal donné, la foule s’avance doucement et prudemment sur la bande de terre naissante. Nous sommes près de la tête de cortège et commençons avec de l’eau aux chevilles car la mer n’est pas encore à son niveau le plus bas. Petit à petit, nos pieds sont enfin au sec et, faisant cette fois la traversée de jour, nous pouvons voir les nombreuses étoiles de mer bleues tachetées de rouge sur le chemin ainsi qu’un poulpe ! De très nombreux Coréens (en particulier des femmes d’un certain âge, que l’on appelle en Corée des « ajummas ») s’accroupissent et remuent le sable à la recherche de coquillages (probablement des palourdes et tellines). Pour certains d’entre-eux il s’agit certainement d’une activité lucrative, vu le professionnalisme dont ils font preuve. Des bateaux sont ainsi accostés à la bande de sable de sorte que ces pêcheurs puissent rester le plus longtemps possible à chercher dans le sable tout en pouvant rentrer en sécurité sur la terre ferme. Certaines personnes ramassent également des algues. Nous avançons plutôt lentement avec la foule et prenons le temps de chercher les créatures marines à nos pieds. Nous n’avons ainsi à nouveau pas le temps d’atteindre l’autre petite île : le chemin jusqu’à l’île Modo-ri fait 2,8 kilomètres de long et la marée ne dure environ qu’une heure, il faut donc se dépêcher pour avoir le temps de faire l’aller-retour ! Le soleil commence aussi à se coucher, et nous admirons la lumière décliner sur la mer alors que nous rentrons.
Le soir venu, nous sommes assez fatigués de la nuit blanche de la veille, et profitons peu de l’ambiance festive : des groupes de chanteurs pop (K-pop bien sûr mais aussi RnB et funk) défilent sur scène et cette petite fête a quelque peu des airs de soirée camping ! Il est d’ailleurs possible de camper sur les lieux du festival (sur les rives ou sur la plage). Nous avons la chance de loger dans une auberge de jeunesse à deux pas du festival. Nous dormons « à la coréenne » : sur de fines couvertures disposées à même le sol (parquet) chauffant. Nous nous couchons donc relativement tôt car le lendemain nous nous levons à 5 heures pour faire la dernière traversée, qui commence à 6 h du matin. Pour cette dernière traversée, il y a beaucoup moins de monde ! Et aussi beaucoup moins d’organisation… Ce sont les locaux qui ouvrent la marche et même si nous étions un peu inquiets au début, nous faisons confiance aux Coréens qui ont l’air de savoir ce qu’ils font ! Nous marchons d’abord à la lueur d’une lampe frontale, mais le jour ne tarde pas à se lever. Cette fois nous ne tardons pas et marchons d’un pas rapide pour atteindre la petite île qui nous fait face. Mission accomplie, à 6 h 30 nous posons le pied sur cette île où une statue représentant la famille de Grand-mère Bbong est présente. On prend quelques photos mais on ne traîne pas, on ne veut pas rester bloqué ! À notre retour, nous observons une nouvelle fois le soleil se lever et apprécions la magie du moment. Nous avons ensuite peu de temps avant le retour pour Daejeon : il faut manger et ranger les affaires puis se diriger vers le bus. Nous rentrons fatigués mais heureux, avec de beaux souvenirs en tête et de belles photos ainsi que quelques couleurs sur le visage car le soleil tapait bien ce week-end là !
J’ avais commencé à écrire, et mon texte a disparu…Encore un coup à la Corée du Nord! Je disais donc, que tu aurais.pu penser à ramener un chien de Jindo pour ton cher papa! J’adore les.bottes.de Béranger.On va dire , style.grenouille;-)
Haha ! J’y ai songé Marie-Ange mais c’était un peu compliqué..! Et je ne sais pas si maman aurait apprécié le cadeau !
Magique c’est vraiment le qualificatif pour ces moments que vous avez vécus
Et oui Maman n’est pas vraiment d’accord pour accueillir un chien même de Jindo!
Je suis déçue j espérais trouver un reportage de notre envoyée spéciale Béa. J espère que vous vous régalez. Biz a vous trois
Oui Jackie, tu as raison, il faut absolument que l’on se remette au travail ! Mais promis, on revient bientôt avec tout plein de nouvelles aventures à vous conter ! Bisous
ouah! Quelle aventure! c’est juste superbe comme légende 🙂 merci pour ce beau partage! des bisous!