Les Coréens ne célèbrent pas vraiment Noël, ou du moins cette fête a bien moins d’importance qu’en France : pas de grande réunion familiale ni de festin. Noël se passe entre amis ou entre amants ou ne se fête pas du tout. Leur grande fête familiale est en fait le Nouvel an lunaire ou 설날 en coréen (prononcé « solal » — article à venir), qui correspond au Nouvel an chinois. N’ayant donc rien prévu de spécial à Noël et ne souhaitant pas rentrer en Europe, nous décidons de prévoir un petit voyage au Japon pour sortir du quotidien. Le Japon est à environ deux heures de vol de la Corée et nul besoin de visa. Nous quittons ainsi pour la première fois notre pays d’adoption, direction Kyoto ! La ville est assez grande et assez riche en culture et en histoire pour s’y arrêter une semaine.
En effet, Kyoto fut, de 794 à 1868, l’ancienne capitale impériale du Japon, juste avant Tokyo. Elle est aujourd’hui la capitale de la préfecture de Kyoto avec environ 1,5 million d’habitants. Elle demeure néanmoins le centre culturel du Japon avec ses milliers de temples et de sanctuaires, dont beaucoup sont inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco. Il va sans dire, nous avons beaucoup marché pendant notre séjour pour arpenter la ville et visiter la plupart de ses richesses culturelles. Nous avons vu l’essentiel de Kyoto mais n’avons bien entendu pas tout exploré tant la ville regorge de trésors. C’est simple, il vous suffit de marcher dans la rue et vous tomberez nécessairement sur un temple ou un sanctuaire ! On sent d’ailleurs que c’est une ville très touristique, et nous retrouvons nombre de nos compatriotes français, bien moins présents en Corée (tout du moins à Daejeon !).
On se rend aussi très vite compte de l’étendue de la ville quand on observe son important réseau de transports en commun : bus, métro et l’équivalent de nos RER parisiens. Il est donc très facile de se déplacer à Kyoto et de se rendre dans les plus grandes attractions touristiques. Tout est d’ailleurs très bien indiqué et nous ne nous sommes trompés qu’une seule fois en prenant un train express qui ne s’arrêtait pas à notre arrêt. Fait notable dans ces RER : il existe un ou deux wagons exclusivement réservés aux femmes pour éviter les désagréments auxquels celles-ci pourraient être exposées lors des vagues d’affluence dans les rames. Kyoto est également très prisée des cyclistes, il vous faut y être vigilant afin de ne pas heurter un vélo ! Pas besoin de s’inquiéter pour les vols : le Japon est, tout comme la Corée, un pays très sûr et les habitants prennent peu le soin d’attacher leur vélo quand ils vont faire une course dans un magasin. Nous n’avons néanmoins pas utilisé ce moyen de transport (je suis sûre que mon père ne m’en tiendra pas rigueur étant donné son attachement à ma sécurité !).
Arrivant de Corée, la différence culturelle était moins importante pour nous mais il était très intéressant de comparer ces deux pays d’Asie. Le Japon et la Corée se ressemblent sous plusieurs aspects : ils partagent notamment une histoire commune, leurs sociétés sont imprégnées par le confucianisme, et le bouddhisme y est assez présent. Cependant, le ressenti en tant que visiteur n’est pas le même. En général, les Japonais sont plus réservés que les Coréens et peut-être un peu plus distants. Ce sont des gens extrêmement polis. En fait, la différence la plus notable sur le comportement des Japonais fut dans le bus. En Corée, il ne faut absolument pas oublier de se cramponner lorsque vous êtes dans le bus ou vous risquez de tomber ! Les chauffeurs conduisent en effet à toute allure et freinent au dernier moment lorsqu’ils arrivent à un arrêt. Vous devez donc être prêts à sauter du bus lorsque vous souhaiter descendre (on exagère à peine) ! Rien de tout cela au Japon. La première différence est que vous montez par l’arrière et ne payez votre trajet qu’au moment de sortir du bus, par l’avant donc. Ensuite, les chauffeurs sont très calmes, ils vous souhaitent la bienvenue lorsque vous montez et vous annoncent eux-mêmes qu’ils vont bientôt s’arrêter. Ils sont d’ailleurs vêtus d’uniformes et portent des gants blancs et une casquette. Aucune précipitation quand vous devez sortir du bus. Les Japonais attendent bien sagement que le bus soit arrêté et la porte ouverte avant de se décider à sortir ! Du moins, ce fut notre expérience à Kyoto ! Précisons aussi que les Japonais conduisent à gauche.
Concernant le style vestimentaire, nous avons remarqué moins de personnes en tenue de sport ou de randonnée comme ça peut souvent être le cas en Corée. Il n’est pas rare de croiser des Coréennes bien habillées mais avec des baskets aux pieds, ce qui n’est pas le cas au Japon. En revanche, nous avons vu beaucoup de femmes en kimonos. Il est vrai que lors des visites des temples, vous pouvez très facilement louer un kimono afin d’immortaliser vos photos en portant cet habit traditionnel. Mais même dans la rue, il n’était pas rare de croiser des Japonaises vêtues de cet atour, ou même lorsque nous avons passé une soirée au théâtre.
Autre spécialité du Japon, mais aussi de Kyoto, le kabuki. Cette forme de théâtre traditionnel mélange chant, danse et jeu d’acteurs et se distingue surtout par le maquillage très élaboré des comédiens ainsi que par la variété des décors. Cela tombait bien, tous les ans, du 1er au 26 décembre, se déroule le festival Kao-mise à Kyoto. À cette occasion, les meilleurs acteurs de kabuki sont réunis sur la scène du célèbre théâtre Minami-za. Impossible donc que nous manquions cet événement ! Peu après notre arrivée à Kyoto, nous assistons de 16 h à 22 h à une représentation de kabuki. On nous avait dit qu’il n’y avait pas besoin de comprendre les paroles et que les Japonais eux-mêmes avaient du mal à les saisir. Mais dans notre cas ce n’était pas tout à fait vrai ! Il y avait de longues parties dialoguées, incompréhensibles pour nous, même si on devinait qu’il s’agissait d’histoires d’amour, de vengeance et de rivalité. Mais la représentation durant presque six heures, nous avons aussi pu apprécier de très beaux moments où l’action était plus importante que les paroles et le jeu des comédiens impressionnant ! Seule déception, nous n’avons vu aucun personnage affublé d’une de ces énormes perruques rouges souvent associées avec le kabuki. Mais les décors, le maquillage, les masques ainsi que les costumes sublimes étaient bien au rendez-vous ! Le spectacle était divisé en trois parties, avec trois entractes de 10 à 20 minutes. La plupart des Japonais avaient été prévoyants, ils avaient acheté un petit plateau-repas à emporter et le mangeaient pendant l’entracte (ce que nous n’avons pas fait, pensant pouvoir trouver à manger au théâtre !). Fait intéressant : pendant le spectacle, certaines personnes du public criaient quelques mots en japonais lors des moments forts. Nous avons appris par la suite qu’il s’agissait des « kakegoe », une tradition du kabuki.
Le théâtre Minami-za est situé dans le quartier de Gion, l’un des plus animés de Kyoto. Accolé au quartier de Pontoccho, il n’est pas rare d’y croiser des geishas (nous en avons d’ailleurs croisé une) ! Ce sont également des quartiers où l’on peut facilement se restaurer.
La cuisine japonaise est assez variée et, pendant notre séjour, nous avons pu goûter certains de ses mets les plus connus. Voici donc une petite liste de notre expérience culinaire à Kyoto accompagnée de photos :
– udon et soba : les pâtes traditionnelles japonaises, servies dans la plupart des restaurants (et que nous retrouvons aussi en Corée). Elles se consomment froides ou chaudes. Les udon sont épaisses, préparées à base de farine de blé, et sont de couleur blanche tandis que les sobas sont plus fines et fabriquées à base de farine de sarrasin et ont donc une couleur plus brune.
– tempura : beignets frits à basse calorie, très populaires au Japon (mais aussi en Corée, appelés 튀김) Ils peuvent être fourrés à la crevette, au poisson, au poulpe, à la viande, au poivron, aux oignons…
– tofu : pas besoin de présenter cet aliment à base de soja je pense. Néanmoins, il existe une préparation de tofu assez particulière que nous avons goûté à Kyoto : le yudofu. Il s’agit tout simplement de morceaux de tofu qui mijotent dans de l’eau (à laquelle est ajouté un bouillon de poisson — mais tout dépend de la préparation). Pour le déguster, les restaurants situés près du temple Nanzenji sont les plus célèbres. C’est là que nous nous sommes rendus et avons pu goûter à différentes sortes de tofu dont du tofu grillé ! Une expérience intéressante et succulente !
– sushis : impossible de quitter le Japon sans avoir goûté à ce mets si populaire ! Et pourtant, il n’a pas été aussi facile de trouver un restaurant de sushis qu’on le pensait ! C’est finalement un peu par hasard que nous faisons l’expérience de ce drôle de restaurant où les sushis circulent en boucle sur un tapis roulant. Soit vous vous servez sur le tapis, soit vous commandez vous-même via l’écran tactile au-dessus de vous. Lorsque votre commande est prête, celle-ci arrive sur le tapis roulant dans un « bateau » (signe qu’il s’agit d’une commande et non d’un plat « libre ») et une musique ainsi qu’une image vous avertit que votre commande est là ! À la fin, la serveuse vient tout simplement compter les assiettes pour vous donner le total à payer. Les assiettes ont toutes un code couleur correspondant à un prix. L’addition était moins salée qu’en France : nous en avons eu pour une petite vingtaine d’euros à deux pour dix assiettes de sushis, deux parts de gâteau et deux bières ! Pour la boisson, vous avez aussi du thé vert à volonté : il vous suffit de mélanger la poudre verte avec l’eau chaude qui sort du robinet installé à votre table !
Les Japonais sont plus friands de sucreries que les Coréens, ce qui était plutôt appréciable pour nous. Nous avons également goûté le fameux saké (alcool de riz), dont il existe plusieurs types, et qui peut se boire chaud ou froid. Nous l’avons trouvé plus goûteux que son équivalent coréen, le soju.
À Noël, nous avons fait honneur à notre gastronomie et avons mangé dans un délicieux « bouchon » kyotoïte ! Le chef japonais avait vécu à Lyon et avait bien su exporter les saveurs de notre capitale gastronomique.
Désolée pour cette longue introduction ! A suivre, le patrimoine culturel de Kyoto !